Vous avez cru reconnaitre James Blunt? Les apparences sont trompeuses puisqu'il s'agit bien de Danny Sherrard, qui œuvre dans un tout autre registre. A 22 ans, ce jeune américain tout droit débarqué de Seattle vient d'être sacré N°1 mondial de slam. A Reims pour quelques jours, cet amoureux des mots a montré ce dont il était capable au Centre des Congrès : des rimes chantantes qui frôlent la perfection et un amour des mots insaisissable. Rencontre avec l'artiste.
Comment as-tu vécu le championnat du monde de Bobigny?
C'était magnifique. J'ai eu le privilège d'entendre des slameurs du monde entier. Certains ne parlaient pas anglais, comme les Polonais ou encore les Malgaches. Pourtant, même si je ne lisais pas les traductions, je restais bluffé et ému par certains textes. Comme si la poésie dépassait la barrière de la langue...
C'était ta première compétition de slam?
Aux Etats Unis, le slam est beaucoup plus récent qu'en Europe. J'ai donc participé à de nombreux battles, puis au championnat national des USA en 2007. L'avoir remporté m'a permis de concourir à Bobigny, et de slamer pour la première fois en France.
As-tu des thèmes de prédilection pour tes textes?
Non, pas du tout. Volontairement, je n'écris jamais les mêmes rimes pour ne pas être définitif. Ainsi, comme l'adversaire ne sait pas à quoi s'attendre, il est plus facile de défier l'ennemi.
Le slam est donc pour toi une compétition?
Le slam est surtout de la poésie et un moyen d'expression où l'on peut se lâcher complètement. Mais il est vrai que la compétition est très bénéfique pour tous ceux qui la pratiquent. Elle les imprègne d'une pression qui les pousse à se dépasser, accentuant et accélérant leur talent. Elle est donc nécessaire pour faire des progrès rapidement.
En France, le slam est très popularisé et les poètes urbains proviennent souvent des groupes hip hop. C'est le cas aux États-Unis?
Non, pas vraiment et je ne crois pas qu'il faut obligatoirement appartenir à un milieu social ou à une famille musicale pour slamer. Seule l'imagination compte. Heureusement d'ailleurs, car je suis dénué de tout talent musical.